Canicule, corona, colère

Si la neige n’est pas encore au rendez-vous, la canicule, elle, l’est depuis la semaine dernière et elle ne rend pas plus facile la vie des sans-abris, déjà très touchés par la crise du Corona-virus.
« Notre situation ne fait qu’empirer, et j’ai l’impression que cela n’intéresse personne. Nous ne sommes personne, puisque l’hiver est encore loin » se plaint Patrick, 46 ans qui s’est spécialement déplacé au restaurant social de Hollerich pour s’approvisionner en eau, s’y doucher et s’y restaurer. Pour la directrice de la Stëmm vun der Strooss, Alexandra Oxacelay, « des températures avoisinant les 40°C sont tout aussi dangereuses que celles tombant en dessous de la barre du 0°C. » C’est la raison pour laquelle les travailleurs sociaux ont ajouté à la sensibilisation au virus, celle liée aux conditions météorologiques exceptionnelles.
Depuis la mi-mars, l’association a réussi à ne pas fermer ses portes. Malgré la diminution de ses activités, elle a continué à assurer la distribution quotidienne de repas, mais sur le trottoir, sous forme de barquettes, se heurtant ainsi à la colère et la non compréhension de certains voisins, dont des administrations du quartier.
C’est donc avec une once de soulagement que l’association qui vient en aide aux personnes défavorisées, sans domicile fixe, personnes touchées par une maladie de la dépendance et sans papiers a rouvert son restaurant social de Hollerich, au 7, rue de la Fonderie. 140 personnes y passent chaque jour et acceptent de se plier à des mesures exceptionnelles suite à la pandémie que nous subissons tous actuellement : port du masque obligatoire, gel hydro alcoolique, entrée par groupe de 20 personnes, durée du déjeuner limitée à 25 minutes, consultations médicales gratuites, distribution de vêtements et accès aux douches sur rendez-vous.
Comme le précise Joanna : « C’est mieux qu’avant. Au moins, maintenant, on peut se reposer un peu et surtout, on n’est plus obligé de manger debout ou sur le rebord des fenêtres. » Alexandra Oxacelay, pour sa part, se pose la question de savoir quand elle pourra à nouveau avec son équipe organiser des journées barbecue et des Beach party sur la terrasse, partir en excursion et faire des tours de manèges à la traditionnelle Schueberfouer. Elle espère en tout casque ce sera l’été prochain.
Photos: Stëmm vun der Strooss archives
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